heart101 (e-motions & movies)

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Legion - Purple & Green

 

"C'est Green, c'est Super Green..."

 

"C'est (aussi) une chose peu commune, que vous ne verrez pas chez tout le monde."

 

 

"Legion" est d'abord un choc, un choc esthétique, une matière modelée de façon singulière et très rarement vue sur écrans, petits et grands. Par le sentiment d'étrangeté et de fascination pulsatile qui s'en dégage, on pourra aisément penser à "eXistenZ" de David Cronenberg. Voyages temporels certes, réalités virtuelles, mais plus encore ici voyages dimensionnels, que ce soit pour les uns dans l'inconscient surtout, mais/et aussi pour les autres dans les contrées étranges et malléables de l'astral, plutôt dans les bas-fonds souvent, mais pas toujours, sans oublier le socle du "réel" habituel qui est à la fois cauchemars torturants et aussi lieu où peut émerger et se déployer quelques amours authentiques et transmutantes.

 

Jeux de mots et jeux de couleurs, parois miroitantes et voies/voix gesticulantes, lignes de vie et couloirs temporels, labyrinthes écrasants et déflagrations annihilantes, danses amusées et musées des horreurs dégoulinantes, il y a toujours et à chaque tournants des histoires dans les histoires, des êtres étranges et même monstrueux qui arrachent leurs corps et se font fort de posséder quelques hôtes utiles et serviables.

 

 

 

 

"Légion" s'ancre dans l'espace-temps en mode 3D pour très vite se déployer en catastrophes multicolores et abyssales, pétrissant la matière des souvenirs enfouis, des corps, des sous-pentes et des architectures transparentes et vitrées pour un jeu constamment maîtrisé qui nous dit l'épopée de héros en devenir, ces êtres humains que l'on avait étiqueté et encapsulé sous le masque de la folie (plutôt) douce et qui s'en vont en grande quête de transparence et de liberté retrouvée.

 

"Légion" pourrait être un "Rubik's Cube" acidulé, un objet à n dimensions qui tourne et que l'on triture sans relâche pour que se dessine une image à peu près intelligible, inspirante et cohérente. D'un bord à l'autre, d'une cellule à l'autre, les espaces s'ouvrent et se ferment, deviennent prisons de béton et chambres d'hôpital psychiatrique, mais les boîtes qui se répondent l'une l'autre s'ouvrent aussi en pleines transparences vertes et blanches. Passe-murailles, gouffres hurlants, espaces figés et temporalités ondulantes, "Légion" pourrait aussi être "La Maison des feuilles" de Danielewski, quand se déploient et s'ouvrent des portes nouvelles au détour d'un placard et tout au fond d'un couloir.

 

"Légion" pourrait être aussi, en sa qualité d'oeuvre première et féconde, le récit d'escaliers qui n'en finissent pas de monter pour nous mener toujours plus vite et abruptement dans quelques bas-fond obscur et en diminution, ou encore l'histoire d'un envol très blanc et comme à tire d'aile qui devient le gris et le noir comme cendres d'un endormissement fatal et final. Ce pourrait être ainsi et en vérité un tableau vertigineux et hypnotique dessiné par Escher donc où se fondent les amants, échangeant leurs enveloppes et en quête d'un espace apaisé tout de blanc caressé, lieu rêvé, étrange et merveilleux de la non-couleur origine de toutes couleurs.

 

"Légion", c'est aussi une histoire des couleurs qui se contaminent et se mêlent, s'entrechoquent et s'affrontent. C'est l'histoire de la lumière tentant de se frayer un chemin au coeur des ténèbres pour s'en émerveiller. C'est drôle et doux, ludique et intelligent, à la fois du cinéma d'art et d'essai tout autant que divertissement le plus souvent amusé et singulier. C'est un objet vivant et en relief qui nous rappelle combien il est rare et beau d'avoir la chance de faire de telles rencontres. C'est une chose peu commune, et que vous ne verrez pas chez tout le monde.

 

En allant sur l'autre blog "heart1001", vous trouverez beaucoup plus de photos et un tout autre environnement, avec moults articles en provenance d'horizons divers. Enjoy !!! :))


19/06/2017
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Crossing Home: A Skier's Journey (Jordan Manley - Vimeo)

 

"Si le voyageur de la route bleue est sans idéal et sans engagement immédiat (il sait à quoi mènent les interventions trop hâtives), il est aussi sans espoir, ce qui signifie, en toute logique, qu’il ne peut jamais être désespéré. Son état d’esprit est celui d’une allégresse lucide. Quand j’étais jeune adolescent sur la côte ouest de l’Écosse, le poète-penseur dont je me sentais le plus proche était un certain John Milton. Dans un de ses essais, ce républicain cosmologue dit ceci : « Nombreux sont ceux qui s’occupent de circonstances, rares ceux qui remontent aux principes. Ô terre, terre, terre ! » Cela m’avait profondément marqué. Remonter aux principes… Les principes, ici, sur la route bleue, sont élémentaires, radicaux et extrêmes. Ils ont pour noms roche, vent, pluie, neige, lumière. Il s’agit, passage après passage, d’entrer en dernier lieu dans le grand rapport. C’est sur les routes bleues du monde que recommence, avec tout le reste, la vraie littérature."

 

(Kenneth White, "La Route Bleue", 2013)

 

Kenneth White et la géopoétique, "théorie-pratique transdisciplinaire applicable à tous les domaines de la vie et de la recherche, qui a pour but de rétablir et d’enrichir le rapport Homme-Terre", pourraient être les acteurs et le choeur majeur appelés pour commenter et dire la route bleue suivie par Jordan Manley et quelques-uns de ses compagnons héros de l'exploration tous azimuts dans le grand blanc, mais vert, et bleu aussi de la Colombie Britannique. Périple gigantesque de plusieurs semaines qui voit nos skieurs et marcheurs de très hautes altitudes dévaler des pentes enneigées vertigineuses, points minuscules et enjoués parcourant les étendues immenses. Une route blanche au travers des Rocheuses Canadiennes, depuis quelque au-delà de Vancouver pour gagner la houle Pacifique. Une route blanche et verte et bleue et grise et noire où l'on serait porté à sentir la pulsation de la terre première, à rejoindre les passages pour certains empruntés par hommes et bêtes, mais pour la plupart ici tout simplement rêvés des grandes transhumances de l'âme et de l'esprit en quête du point origine.

 

"En venant à Vancouver, j’avais en tête toutes sortes d’idées plus ou moins vagues, qui allaient trouver sur place leur configuration, mais, pour commencer, j’avais planifié un itinéraire : un voyage plein de mouvement et de vision, de Vancouver à Seward, via Ketchikan, Wrangell, Juneau, Skagway et Sitka. Avec une logique se déployant graduellement, de façon quiète et secrète, à partir d’une cause fugace ou d’une autre. Lignes marines et lignes mentales. Correspondances cosmographiques. Une initiation, une exitiation. Avec toujours un œil critique sur les choses de ce monde.

    Tel était le projet.

    Ce que je n’avais pas encore, c’était un bateau."

 

(Kenneth White, "Les Vents de Vancouver", 2014)

 

Le film "Crossing Home" de Jordan Manley (28'), en libre accès sur Vimeo, est surtout une danse athlétique élégante, magnifiquement filmée et découpée, avec une succession ininterrompue de paysages sidérants : forêts labyrinthes où l'on se fraie un chemin avec dans le dos les ailes repliées d'une paire de skis ne cessant de sonner contre branchages entremêlés et souches intriquées, déserts blancs et bleus, pics vertigineux que l'on dévale à toutes vitesses et force expertise, éclats des cieux, des nuages et des eaux, navigation dans les eaux grises et vertes de quelques rivières aimantées qui vous emportent jusqu'aux grandes eaux ouvertes de l'océan Pacifique, l'aventure est sereine et apaisante, ouvrant en grand les pages d'un grand silence.

 

Enjoy !!!

 

 

 

La Géopoétique selon Kenneth White. Voici le site internet dédié d'où viennent les extraits proposés. :))


18/06/2017
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Vikings (Michael Hirst - 2013) - Black & Blood/Gold

 

 

"Tous les Einherjar

dans le pré d'Odin

chaque jour se pourfendent.

Ils désignent les morts,

puis, du combat, à cheval ils reviennent.

Ensemble ils siègent ensuite, réconciliés."

 

 

Excellente série, en tous points, même si je n'aborde à cette heure que le sixième épisode de la saison 1 (4 saisons pour l'instant). Le casting est excellent, et les acteurs vraiment bien dirigés. Il y a une sorte de calme et de lenteur en toile de fond sur laquelle se déchaînent de façon continue et incessante de sanglants et mortifères combats, comme une sorte de ponctuation, comme si la tuerie et le vol/viol constituaient une sorte de grammaire élémentaire. Même si les Vikings nous sont montrés comme un peuple qui met son honneur et sa vie en jeu dès lors qu'il s'agit de dire la vérité, de respecter les règles, la loi, la coutume, sous peine de subir le châtiment suprême qui serait de ne pas rejoindre le Valhalla (palais et demeure au toit d'or où se retrouvent les guerriers valeureux tombés au combat : "Valhalla vient du vieux norrois Valh?ll composé de valr, désignant les guerriers morts sur le champ de bataille, et h?ll, la halle" - Wikipedia), le champ de bataille où meurent les héros, pourfendant leurs ennemis en frappant sans cesse de leurs épées des corps qu'il s'agit d'anéantir est et reste un espace naturel où respirent, vont et viennent les Vikings.

 

 

 

 

En somme, la vie ici-bas est une image et un reflet du paradis de l'au-delà, et vice versa. Alors certes, les guerriers sanguinaires et en même temps explorateurs naviguant sans peurs sur les océans inconnus ne s'écrient pas à tout instant "What A Lovely Day !!!", comme les fous du volant portés à l'écran par George Miller dans "Mad Max Fury Road" (Holy, Holy Movie, Alleluiah....), mais ils s'appliquent tous à arpenter de la manière la plus impeccable et parfaite possible l'espace de la bataille de leurs existences afin que la mort glorieuse soit un portail grand ouvert menant jusqu'au Valhalla.

 

 

"Sous les jets de pierre,

les sagaces guerriers

sur leur dos firent scintiller

Les écorces de bouleau de la halle de Svafnir."

 

 

 La reconstitution historique semble fidèle, en tous les cas tout à fait homogène et vibrante. On entre dans cet univers et ce pan d'histoire naturellement et aisément. Les habitations, les outils, les techniques de combat, les fêtes, l'assemblée du peuple autour de son comte/roi local, l'exercice de la justice, les banquets, l'exposé naturel de la mythologie et des croyances, le bateau Viking et la navigation dans "les anses, les criques ou les bras de mer", et aussi sur de plus vastes étendues à l'aide de la pierre de soleil et du compas solaire, toutes choses, paroles, rituels et populations se déploient en parfaite harmonie. Et Wikipédia ici-même convoqué ne fait que confirmer cette excellente impression de départ.

 

 

"Huit [grandes] centaines d'Einherjar

sortiront en même temps par chaque porte

quand ils iront se battre avec le loup." 

 

 

Enfin la photo, la photo est magnifique elle aussi. Le monde des Vikings est celui des noirs, des rouges et des ors, sans oublier le vert vibrant des forêts et des landes. L'océan est noir et splendide, tout comme le générique de début. Les armes aux reflets argentés sont balafrées par les boues suitantes et rouges déposées là par quelques corps qu'il aura fallu découper, trancher, perforer et trucider, en grande hâte. Les vagues océanes et les eaux étales des criques et des anses sont d'argent par moments, mais noires et grises le plus souvent. Elles emportent hommes et navires aux portes scintillantes de rivages nouveaux, portails ensablés et courbes, ruisselants des rêves en ors massifs que caressent nombre de héros depuis toutes éternités.

 

 

Il faut voir la série "Vikings".

 

Vous pouvez même tester la chose

avec non seulement la bande annonce ci-dessous,

mais plus encore,

regarder le premier épisode de la saison un

dans son entier (44'55"),

ci-dessous.

 

Enjoy !!!

 

Voici aussi un lien vers un article-compilation qui nous parle de belle façon de "Valhalla Rising" que j'attends de voir très prochainement. Enjoy !!!


13/06/2017
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Vertigo - Hallucination Douce

 

 

Vertigo, Hitchcock, 1958, vous avez deux heures. Deux heures pour dire cette hallucination douce qui fait de ce film votre film de coeur, à ce jour, et sans doute pour toute éternité. Un film à part, à côté, par-delà et au-delà de votre podium singulier qui vous fait placer sur la première marche, champion toutes catégories confondues du 7° Art, le ci-devant "Avatar" de James Cameron (Mais vivrons-nous suffisamment longtemps pour découvrir Avatar 2 et 3 et 4 et 5....???? Mystère...), talonné de très près il faut le dire par "Max Max Fury Road" (En 1 bis donc. Amen, Amen. Alleluiah...), avec ensuite sur la deuxième marche "Le Retour du Roi" de Peter Jackson, et en trois "Kill Bill" de Tarantino.

 

Bref, "Vertigo" est LE film qui s'est élevé au fil des ans au pinacle de ce que l'on peut sans doute rêver de mieux, dès lors que l'on s'attache au spectacle des émotions et des énergies en mouvements (e-motions). Et "Vertigo", c'est aussi l'histoire d'une image et de couleurs qui n'ont cessé de rajeunir et de se voir magnifiées au fil des ans et des décennies. Nous nous rappelons, du moins pour certains d'entre nous, la version (pas si mal quand même) imprimée et captée sur les cassettes VHS.

 

Puis vint, ô miracle, ô joie pétrifiante quand même le dvd. Moderne le dvd, un film renouvelé et encore plus clair et coloré. Comme un rêve déjà, et le début d'une découverte et d'un amour naissant pour ce film. Mais il n'est pas de limites qui tiennent, en ces temps bénis de l'âge d'or du cinéma que nous vivons depuis quelques temps, car il advint le blu-ray, et ici tout particulièrement une version entièrement restaurée de Vertigo, tout à fait correcte en dvd, mais inouïe et explosant tous les critères de qualité en blu-ray.

 

Vertigo en blu-ray, c'était (et c'est toujours) tellement beau qu'il fallait se retenir pour ne pas pleurer (j'exagère ???) devant l'explosion surréelle des couleurs, la profondeur de champ, avec un effet quasiment 3D sur grand écran, les contrastes, le déploiement des détails.... Est-ce un rêve ? Enfin, et pour achever là ce voyage bienheureux au pays des couleurs enchantées, et comme cerise sur le gâteau, on atteignait des sommets encore plus renversants grâce à Amazon Prime Video qui proposait le film, du moins dans les premiers mois de sa venue en France, dans une palette de couleurs encore plus intenses et éclatantes, Amazon faisant un excellent travail sur l'entièreté de ses métrages d'ailleurs (question de goûts et de choix pour la lumière et en somme les tonalités diverses pixellisées).

 

 

 

Vertiges donc pour un film qui atteint l'universel, qui nous parle d'amour, de désirs, de rêves accomplis, mais qui raconte aussi la percussion des êtres contre les murs du non-dit, du mensonge, de l'ignorance et de la peur. Vertiges du héros tournant autour d'une idée, d'une image, d'une émotion, ne sachant pas toujours (le héros, l'héroïne, le spectateur, le héros/spectateur/héroïne ?) ce qu'est le réel et où commence le rêve.

 

Vertiges de la solitude transmuée dans le couple qui commence alors à créer un monde nouveau. Vertiges aussi d'un idéal embrassé qui s'incarne et se met à chanter de manière évidemment pulsatile, dans ce qui fut le quotidien des anciennes et par moments mornes habitudes. Vertiges quand se fait jour le pays que l'on croyait imaginaire et inatteignable, quand s'efface l'ancien monde et que s'annoncent une autre sphère, un autre univers, autrement plus vibrant et comme en constante élévation et expansion.

 

Alors oui et définitivement, ce film racine classé en 2012 au rang de champion toutes catégories par un panel de journalistes, et supplantant "Citizen Kane", oui ce film porte haut et fort son étendard vert et rouge qui fait de lui une sorte d'archétype fondateur. Et oui, le pont de San Francisco, le ci-devant "Golden Gate" filmé par Hitchcock dans "Vertigo", est le pont que je vois toujours, partout et encore quand je découvre qu'il est littéralement explosé et atomisé dans "Terminator 5", et dans "Godzilla" aussi il me semble (atomisé et détruit). C'est encore lui que je vois dans "La Planète des Singes 1 & 2", et c'est encore et toujours ce pont là que j'aperçois au loin dans "Devine qui vient dîner" (Stanley Kramer).

 

Et oui encore il est bel et bon de reconnaître et d'entendre le "Tristan und Isolde" de Wagner dans la version de Bernard Herrmann, quand tourne le couple et que s'incarne le rêve dans cet étrange brouillard vert d'une chambre d'hôtel se mettant soudainement à tourner tel un manège magnifique qui sonne et chante, lanterne magique toute illuminante, vaisseau aux miroirs renversants et tout éclairants.

 

Et oui toujours, qu'il est bel et bon de découvrir l'expertise, la maîtrise et l'intelligence de Hitchcock ne cessant de jouer avec ces images changeantes et en à-plats vertigineux, agrandissant toujours les perspectives et les résonances, quand il s'agit d'embraser le couple en parfaite harmonie avec la déflagration synchronisée de quelques déferlantes vagues océaniques, et sous le regard et la protection d'un pin maritime en mode bonzai, sculpté âprement et diligemment par la très ample respiration de quelques vents venus d'un au-delà que l'on ne soupçonnait pas.

 

On pourrait s'entretenir ainsi pendant quelques pans d'éternité de ce film, du vert de la Jaguar et de la chambre d'hôtel, du rouge littéralement irradiant, pulsatile et flamboyant qui fait advenir et surgir la femme aimée au détour d'une salle de restaurant, mais cela risquerait de nous entraîner loin, très loin....., jusqu'au Vertige.

 

 

 

Le lien magique qui vous mènera sur l'autre blog "heart1001", pour une photo supplémentaire et un lien vers un site (en anglais) qui traite surtout des films de Hitchcock. Enjoy !!!


12/06/2017
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Mirror City Timelapse (Michael Shainblum - 2013)

 

 

4'30" de pure inspiration et créativité peuvent suffire parfois pour s'élever en d'authentiques points origines, nourrissant, fécondant et irradiant de leurs toutes nouvelles singularités le chant/champ d'expérimentation de nombres d'autres artistes en devenir. Mirror City (Timelapse) fut pour moi, et beaucoup d'autres, un véritable choc visuel et sonore. C'étaient les débuts, il n'y a qu'une petite poignée d'années seulement, des photos numériques pour tous, des vidéos par tous, de l'accès pour le commun des mortels à la technologie réservée jusqu'alors aux seuls professionnels. Car nous sommes entrés dans une sorte d'âge d'or de l'image, avec effervescence multicolore de pixels en ébullition.

 

Avec la photo numérique et les capacités de mémoire en croissance exponentielle, il devient possible à tout citoyen, certes suffisamment éclairé, de créer de petits ou grands films en accolant et combinant, pas à pas, images après images, pour raconter une histoire, dire une émotion en jouant avec quelques milliards de milliards de pixels sur un écran d'ordinateur pour diffusion mondiale. C'est au départ une sorte d'artisanat qui ouvre en grand le champ/chant des possibles. Et c'est l'ère venue des "Timelapse", sur vimeo et youtube, sorte de version contemporaine du vidéo-clip où sont célébrés la ronde des étoiles et la danse de la voie lactée dans les grandes plaines de l'ouest américain, l'ondulation de la lumière au creux des déserts rouges, la pulsation des villes du monde dans la pluie changeante des rayons du soleil et de la lune, le scintillement électrique des néons de toutes couleurs, verts, rouges, blancs, bleus et ors qui habillent palaces, gratte-ciels et véhicules roulants, rampants et volants en mode grouillement et affairement accéléré.

 

Il y a cette réjouissance et cet émerveillement initial devant le spectacle dansant de la lumière en majesté. Et puis dans ce voyage et cette exploration, il arrive que l'on atteigne une sorte de quintessence, comme une idée platonicienne. Et ce modèle premier, cette abstraction mathématique qui nous donne accès à un spectacle quasiment matriciel, où se combinent indéfiniment des figures élémentaires, des 0 et des 1, des fréquences de toutes couleurs, et un jour sans doute des saveurs infinies, cet archétype et symbole même du "Timelapse" en ce qu'il a de plus fondateur peut être trouvé et célébré avec "Mirror City".

 

Jeux de miroirs, dynamiques évolutives, entremêlements de figures qui se répondent et se déploient en kaléidoscopes à la fois implacables, inéluctables et déterminants de couleurs, mais sans limites aucune aussi. Le potentiel de l'image est gigantesque, la croissance est organique, il y a des images à l'intérieur d'images à l'intérieur d'images qui nous disent non seulement qu'une rose est une rose est une rose est une note, mais aussi ici qu'une ville est une ville est un vitrail buissonnant et vibrant d'infinies artères, cellules et organes. La ville organique, la ville monde, la ville vivante et respirante. La ville univers et la ville ondulante créature qui se découvre lignes de force et champ de couleurs en expansion. La ville jeux de lumières aux structures fractales qui permettent de décrire le tout de la Création, du moins cette partie d'univers dans laquelle nous nous trouvons.

 

"Mirror City", oeuvre à l'évidence fondatrice (on soulignera aussi et tout particulièrement l'excellence de la musique choisie et du montage, pour un rendu tout à fait puissant et percutant...), a depuis inspiré nombre de créateurs de timelapse sur la toile, et il me plaît de croire que Christopher Nolan avec "Inception", ou encore tout récemment Scott Derrickson avec "Doctor Strange", partagent bien sûr le même champ créateur d'où se déploient les signes, les symboles et les archétypes. Il y a comme un océan tout englobant et gigantesque peuplé de toutes sortes d'objets, modèles, images et idées qui voyagent et nagent entre deux eaux. Ces idées, images, objets, émotions et symboles appartiennent à un autre temps et espace, et ils font ici et là surface à l'horizon des consciences créatrices.

 

En guise de conclusion, on trouvera ci-dessous, non seulement "Mirror City", mais trois autres (parmi beaucoup, beaucoup d'autres....) timelapse que j'aime particulièrement.

 

Post-Scriptum : Il faut regarder absolument le travail de Beno Saradzic (dernière vidéo), "Beyond - Memoirs in a Time Lapse" +++, oeuvre qui pourrait en elle-même faire l'objet d'un article dédié. Autre choc personnel en ce qui me concerne. Vidéo qui a été récompensée, ici et là, par quelques prix. Faisant la promotion de Dubai, elle a donc bénéficié d'un financement j'imagine relativement conséquent en pétrodollars (la musique aussi, excellente, a été spécialement composée pour accompagner ce film magnifique = la lune, les amis, la lune.... et bien d'autres choses.).

 

Enjoy !!!

 

Michael (Mirror City Timelapse) Shainblum a une chaîne Youtube et aussi un site dédié (shainblumphoto.com) que voici. Enjoy !!!


10/06/2017
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