heart101 (e-motions & movies)

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The Garden of Words - Painting with Light (Makoto Shinkai, 2013)

 

 

Sixième film de Makoto Shinkai, "The Garden of Words", ou encore Kotonoha no niwa, traite explicitement du thème de l'amour à la japonaise, c'est-à-dire d'une triste solitude, ou plus précisément d'une aspiration solitaire à l'amour, autrement dit koi. Bien que cet état d'âme n'ait pas à être littéralement disons... embrassé, cette aspiration triste et solitaire à la réunion des âmes est une constante, à des degrés divers, dans tous les films de Makoto Shinkai, y compris semble-t-il pour le dernier et septième en date, le ci-devant "Your Name", attendu dans nos contrées pour le 31 mai 2017 (merci amazon espagne...).

 

Sculpté, dessiné, créé par et à l'aide de la lumière, tout est ici scintillement, miroitement, vibrations colorées et dansantes, magnification précise, inspirée et attentive de ce que nous appelons le réel d'une ville comme Tokyo, avec son métro, ses fils électriques, ses gratte-ciels, mais ici aussi bien sûr ses jardins, ses plans d'eau et sa végétation frémissante. Et si koi, cet amour solitaire et triste, est un personnage important et central, la pluie, l'eau descendante et éclaboussante et murmurante reste le personnage central et omniprésent. L'eau, dans toutes ses manifestations, qui est bien sûr l'élémental royal pour dire les infinies modulations des émotions. Calme et étale en flaques et lacs, dansante et paisible aussi comme un jour de pluie ordinaire, mais aussi déchaînée en tempête avec rafales et éclairs quand il faut dire l'éruption des passions.

 

Pour Makoto Shinkai, la nature, la ville, et surtout le ciel, les étoiles et les nuages, sont de véritables personnages à part entière, aussi importants et la plupart du temps même bien plus intéressants à traiter que ses héros de chair et d'os. Avec le pinceau universel, premier et ultime qu'est pour lui la lumière en tant que telle, tous ses films sont langage de lumière, lumière liquide, grammaire scintillante, lumière en effusion, grands à-plats de lumière, rais de lumière, tentures et orgues de lumière. C'est bien simple, la particule et onde de lumière, le grain de lumière ou photon magique, occupe non seulement le devant de la scène, mais aussi les coulisses, les fondations, et toutes les infinies couches et sous-couches de cette succession plutôt calme et assez silencieuse des tableaux toujours vibrants, délicats et somptueux dont le défilé font les films de ce réalisateur âgé aujourd'hui de 44 ans.

 

Avec son ascension rapide, et maintenant le succès fulgurant de "Your Name", son dernier film, beaucoup ont dit de lui qu'il était le nouveau Hayao Miyazaki, ce que Makoto Shinkai dément évidemment formellement, lui qui s'attache constamment à peindre le réel et le quotidien des villes et des campagnes avec la plus extrême fidélité, tout en les magnifiant. À cette heure, et bien que je ne connaisse pas encore "Children Who Chase Lost Voices From Deep Below" (appelé aussi "Voyage vers Agartha"), et même s'il existe tout de même des scènes d'action pure ici et là ("Voices of a Distant Star" par exemple), tous les films installent une ambiance et déploient un espace grand ouvert et calme, propice à la contemplation de la beauté pure des objets comme de la nature. Et c'est aussi l'une des raisons pour laquelle un métrage de 25 minutes ou de 46 minutes "seulement", comme ici avec "The Garden of Words", sont comme des machines à ralentir le temps. Certains pourront s'y ennuyer, mais la plupart y trouveront matière à respirer ouvertement, observant avec attention les inflexions, les intentions, les murmures, les attentes, les aspirations, les odeurs, les couleurs et les atmosphères qui nous disent l'histoire de nos vies, singulières et vraiment uniques, mais universelles aussi.

 

Makoto Shinkai ? Une vraiment bonne nourriture. :))

 

Ci-dessous, une bonne analyse du film, bien plus intéressante que les bonus que l'on peut trouver sur le blu-ray (... Ceci dit, à propos de blu-ray, comme il s'agit de films d'animation, la qualité dvd seule pour certains films qui n'existent qu'ainsi, est tout à fait excellente, le blu-ray n'étant pas le graal ultime).

 

Vous trouverez une duplication et amplification magnifique de cet article en allant sur le blog du sieur Francisco. Enjoy !!!



25/05/2017
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